dimanche 7 septembre 2014

Jean Parillaud, maître d'école

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Jusqu’au début des années 1960 l’instituteur occupa une place centrale dans la société française. Héritier des Hussards noirs de la IIIe République, il était à la fois porteur de la morale républicaine et promoteur du progrès au sens le plus large du terme. Personne écoutée, auprès de qui on n’hésitait pas à prendre conseil, l’instituteur régnait sur l’école communale, maison commune où étaient dispensés des savoirs partagés par toute une Nation qui croyait encore en son destin. De tous les instituteurs lapalissois de l’après-guerre, Jean Parillaud fut sans doute celui qui marqua le plus de son empreinte l’école de l’avenue de la Gare.
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Jean Parillaud naquit à Courçais, près de Montluçon, en 1907 dans une famille de métayers qui exploitaient des terres pour le compte du baron de Courçais. En 1915, son père, François, enrôlé dans le 5ème Régiment d’Infanterie succomba à l’Hôpital militaire de Compiègne des suites d’une infection contractée sur le Front. Les cinq enfants Parillaud furent déclarés pupilles de la Nation en 1919. Jean Parillaud, l’aîné de la fratrie, fut alors poussé dans les études et entra en 1923 à l’École Normale d’Instituteurs de Moulins d’où il sortit, trois ans plus tard, armé de son Certificat d’Aptitude Professionnelle. Après avoir accompli ses obligations militaires, Jean Parillaud fut nommé en 1928 au Cours Complémentaire de Varennes-sur-Allier.
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Jean Parillaud lors de son service militaire en 1928
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Il épousa l’année suivante une jeune institutrice, Odette Ursat (1907-2000), fille d’un Directeur d’École de Vichy. Après dix années passées à Varennes-sur-Allier, le couple Parillaud fut nommé à Lapalisse afin de redorer le blason du Cours complémentaire de notre ville qui était encore à l’époque sous-préfecture.
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Jean Parillaud avec le Cours complémentaire de Varennes-sur-Allier en 1937
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Plutôt croyant, Jean Parillaud demeura attaché toute sa vie aux valeurs de la gauche socialiste. Il adhéra en 1926 au Syndicat national (CGT). En 1931, il devint membre du conseil syndical de la section départementale du SN puis du Syndicat national des instituteurs après 1935. Secrétaire général de la section de 1935 à 1937, puis secrétaire général-adjoint de 1937 à 1939, il fut délégué au comité consultatif. En 1936-1937, il collabora à L’École libératrice dans la partie pédagogique pour la rubrique « géométrie ». Gréviste avec son épouse le 12 février 1934, il approuva l’évolution vers le Front populaire sans toutefois adhérer à un parti politique ou à un comité antifasciste. Jean Parillaud et son épouse accueillirent également dans les salles de classe lapalissoises les adeptes des Auberges de Jeunesse. 

Gréviste le 30 novembre 1938, il fut sanctionné d’une retenue de traitement de huit jours. Il approuva les analyses de la majorité du SNI pour éviter la guerre et participa activement à l’aide aux républicains espagnols.  Durant l'Occupation, son engagement lui valut d’être arrêté, comme 26 autres Lapalissois, par la Gestapo le 30 juin 1944 et d’être conduit à la Mal-Coiffée de Moulins où il fut incarcéré jusqu’au 20 août. Passé l'épreuve de la guerre, Jean Parillaud continua à militer au sein du SNI et des oeuvres mutualistes et laïques (UFOLEP). Jean Parillaud ne se lança qu’une seule fois dans le combat politique lors des cantonales de 1958. Se présentant alors comme candidat de la SFIO, il arriva en troisième position avec 760 voix derrière Lucien Colon, conseiller sortant triomphalement réélu dès le premier tour avec près de 3300 voix et Gaston Gay (PCF), lui aussi instituteur qui recueillit 1500 voix.

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Le « père Jean » comme le surnommèrent des générations d’élèves lapalissois, laissa le souvenir d’un maître féru de mathématiques, dont le port de son chapeau servait aux élèves à jauger son humeur du jour. Grand fumeur de Gauloises, amateur de foot (il fut même un temps arbitre à l’AAL), Jean Parillaud essaya durant toute sa carrière de développer chez ses élèves le goût de l’effort et le respect des valeurs humanistes. Il permit, en un temps où l’adolescence ne portait pas encore de nom, à bon nombre de jeunes Lapalissois de se construire leur personnalité en accédant de façon raisonnée à l’âge de l’individu social.
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Jean Parillaud avec son petit-fils Michel lors d'une partie de pêche à la fin des années 50.
Jean et Odette Parillaud en compagnie de leur petit-fils Michel, dans le jardin de l'école communale de Lapalisse au début des années 60. La "mère Jean" comme la surnommèrent plusieurs générations d'élèves lapalissois, enseigna plus particulièrement les sciences naturelles et l'anglais. Elle laissa le souvenir d'une enseignante exigeante qui faisait régner une discipline de fer dans sa classe.
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Au terme de leur carrière d’enseignants, le couple Parillaud quitta Lapalisse en 1967 et s’installa dans le centre de Vichy où Jean Parillaud nous quitta vingt ans plus tard.
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Jean Parillaud à la fin de sa carrière lapalissoise.
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Un grand remerciement à MICHEL PARILLAUD pour son aide documentaire.
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S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com

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