mardi 16 septembre 2014

Louis Morel, ou le saut dans la modernité



(Noirétable 1835 - Lapalisse 1898)

Officier académique

Maire de Lapalisse de 1878 à 1892

Membre de la Commission municipale en septembre 1870

Conseiller municipal de 1871 à 1877



Cet homme des montagnes du Haut-Forez fut le véritable promoteur lapalissois de l'esprit de progrès qui caractérisa le XIXe siècle. En faisant le choix de la vapeur, en cherchant inlassablement à transformer le visage de sa ville d'adoption et en créant la première société mutuelle, Louis Morel peut être considéré à juste titre comme l'inventeur du XXe siècle lapalissois.
Né à Noirétable (Loire), mais ayant grandi à Thiers (Puy-de-Dôme) où ses parents tenaient une épicerie-droguerie, Georges-Louis-Sébastien Morel s'installa à Lapalisse en 1865, à l'occasion de son mariage avec Anne Aufrère, fille de Simon Aufrère, à la fois teinturier, négociant en tissus et propriétaire de quelques métiers à tisser des cotonnades. Profitant de l'arrivée du chemin de fer (1856-1858) qui facilitait désormais l'approvisionnement en coton, le tissage s'était en effet rapidement développé à Lapalisse, importante place d'échanges agricoles. Peu après 1865, Louis Morel et Simon Aufrère créèrent, Place du Moulin, un atelier de tissages de droguet (étoffe de coton plutôt grossière dont la résistance s'accommodait justement avec la dureté des travaux des champs) dont les métiers étaient mus par la vapeur.
Profitant de la faillite et de la disparition du minotier, manieur d'argent, Emile Dereure (1834-1874), propriétaire du Moulin de la Ville, Louis Morel et Simon Aufrère rachetèrent l'édifice et relancèrent la production. Ainsi, en l'espace de moins de dix ans, la famille Morel-Aufrère réussit à constituer, au pied du château, un "enclos industriel" réunissant une minoterie de belle taille et une filature de cotonnades renommée.
La carrière politique de Louis Morel débuta en septembre 1870 à l'occasion de la chute de l'Empire. Il fit alors parti de la Commission municipale, choisie par le nouveau pouvoir, et ne regroupant que des Républicains (Emile Dereure, minotier, Felix Lavenat, chapelier et Claude Lefaucheur, fils de la receveuse des Postes, deux fois transporté en Algérie en 1852 et 1858, puis placé sous résidence surveillée à La Pacaudière). Élu conseiller municipal en 1871, Louis Morel devint alors l'un des pivots de la vie communale.
Le Docteur Meilheurat (1804-1884), un modèle de longévité politique, occupait la Mairie et le siège de Conseiller général du canton depuis 1834. Ayant traversé les dernières années de la Restauration, la Monarchie de Juillet, la Deuxième République et le Second Empire, Pierre-Antoine Meilheurat conserva son poste de maire après septembre 1870, mais son pouvoir local commençait à être sérieusement écorné par les Républicains locaux. Le coup de grâce fut porté en novembre 1877 lorsque, après l'écrasante victoire des Républicains aux Législatives, le Préfet de l'Allier démit le Docteur Meilheurat, jugé trop conservateur, de ses fonctions de maire. Désormais, plus rien ne pouvait plus empêcher Louis Morel de s'installer à la Mairie à la tête d'un Conseil municipal majoritairement républicain. Ce fut chose faite en janvier 1878.
Immédiatement après son élection, Louis Morel mit tout en oeuvre pour éveiller Lapalisse au progrès du siècle. En 1881, un abattoir et une usine à gaz furent inaugurés au quartier du Petit-Paris. En 1882, les premiers essais de macadamisation des rues sont effectués, en 1887, une halle métallique est édifiée sur la place du Marché, enfin, en 1888, des quais sont inaugurés sur la rive gauche de la Besbre en amont du pont. Dans un tout autre domaine, Louis Morel rattacha Lapalisse à l'élan mutualiste qui se développait alors en France en créant, en 1892, La Prévoyante, la première société de secours mutuels de la ville. Il en demeura Président jusqu'à sa mort en 1898.
Durant ses quinze années de mandat, Louis Morel put compter sur quelques hommes précieux : Felix Lavenat (1839-1909), adjoint à partir de 1878, Louis Méténier (1847-1892), Eugène Montagnier (1847-1910), adjoint à partir de 1888,le docteur Jacques Laborde (1834-1909), conseiller municipal et conseiller général du canton de Lapalisse de 1882 à 1885, Claude Berthelot (1859-1931), adjoint à partir de 1890. Lors de chaque crise politique, cette garde rapprochée fit bloc. Démissionnaire une première fois en mai 1882, la Mairie aurait dû revenir à Jacques Laborde, mais ce dernier refusa cet honneur pour éviter de tomber dans la spirale du cumul des mandats. Finalement, la place de maire échue temporairement au notaire Méténier. De retour en juillet 1883, Louis Morel démissionna une seconde fois en avril 1885. Cette fois-ci, il fut remplacé par Felix Lavenat jusqu'en juillet 1886. Passé 1892, date à laquelle Louis Morel prit du recul par rapport à la vie municipale, ce fut Eugène Montagnier, négociant en vins, qui domina la scène politique lapalissoise et "hérita" de la Mairie.


S. HUG

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